Un diagnostic médical lourd ne signifie pas toujours une perte d’autonomie profonde. À l’inverse, une faiblesse temporaire peut suffire à changer la donne et à bouleverser l’accès aux aides. La grille AGGIR, loin des idées reçues, ne se préoccupe ni de l’âge, ni du nom de la maladie, mais se concentre uniquement sur ce que chacun peut réellement faire au quotidien. C’est la pratique, pas la théorie, qui prime. Étonnamment, certaines situations inattendues inversent la logique habituelle : une personne souffrant d’une pathologie grave mais autonome dans sa vie courante sera considérée comme moins dépendante qu’on ne l’imagine. À l’opposé, un simple accident ou une convalescence peut temporairement faire basculer un niveau, ouvrant ou fermant la porte à des soutiens concrets. La grille n’a que faire des apparences, elle s’attache au réel, parfois à rebours des attentes.
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Perte d’autonomie : pourquoi la grille AGGIR fait référence
La grille AGGIR s’est imposée comme la clé de voûte de l’évaluation de la perte d’autonomie chez les personnes âgées. Ici, pas de place pour l’approximation : tout repose sur l’observation minutieuse des gestes du quotidien. Six niveaux, les fameux GIR (Groupes Iso-Ressources), jalonnent cette échelle, du GIR 1, le plus élevé en dépendance, jusqu’au GIR 6 qui traduit une autonomie intacte.
L’évaluation est menée par une équipe médico-sociale, mandatée par le conseil départemental. Ce protocole, rodé, ne laisse rien au hasard : il vise à objectiver les besoins et à guider le choix des solutions d’accompagnement. La grille AGGIR distingue très clairement les différents niveaux de perte d’autonomie, en s’intéressant tout particulièrement aux aptitudes à :
- se déplacer dans l’espace
- communiquer au quotidien
- préparer et prendre les repas
- assurer sa toilette
- s’habiller sans aide
Ce dispositif vise à garantir l’équité pour l’accès aux soutiens disponibles, en tenant compte du niveau de perte d’autonomie. L’évaluation va bien au-delà d’un diagnostic médical : elle met l’accent sur l’impact concret des difficultés rencontrées dans la vie courante. Cette approche, issue des pratiques gérontologiques, fait de la grille AGGIR un pilier du système d’accompagnement des personnes âgées en France.
Comment fonctionne l’évaluation et à quoi servent les niveaux de GIR ?
Pour chaque demande d’accompagnement, le conseil départemental missionne une équipe médico-sociale chargée de conduire l’évaluation GIR. Il ne s’agit pas d’une simple formalité ni d’une série de questions posées à la volée : les professionnels observent, analysent et interrogent la capacité à accomplir les actes clés du quotidien. Les critères passés au crible : mobilité, gestion des repas, toilette, habillage, mais aussi état mental, vigilance et communication.
Chacun de ces éléments contribue à dresser un portrait fidèle du degré de dépendance. C’est sur cette base que la personne est classée dans l’un des six niveaux de GIR définis par la grille AGGIR. De GIR 1, signe d’une dépendance lourde, à GIR 6 pour une autonomie totale, la classification s’appuie sur une méthodologie nationale, commune à tout le territoire.
Ce classement n’est pas qu’un simple repère administratif. Il détermine directement l’accès à l’accompagnement et aux aides financières, avec l’APA en première ligne pour les GIR 1 à 4. Familles, aidants et institutions s’appuient sur cette évaluation pour calibrer l’aide à domicile, organiser les interventions ou envisager une orientation en établissement. La grille AGGIR reste ainsi le socle partagé de l’évaluation, du dialogue et des décisions concernant l’autonomie et la prise en charge de la dépendance.
Les 6 niveaux de GIR expliqués simplement, du plus autonome au plus dépendant
La grille AGGIR distingue six niveaux de perte d’autonomie, du GIR 6 jusqu’au GIR 1. Ce classement guide l’évaluation de chaque situation et oriente la nature de l’accompagnement proposé. Voici, niveau par niveau, ce que recouvre chaque catégorie :
- GIR 6 : l’autonomie est totale. La personne gère sans aide l’ensemble des actes de la vie quotidienne : déplacements, toilette, repas, tâches domestiques. Aucun besoin d’assistance n’est repéré.
- GIR 5 : l’autonomie de base est là, mais une aide ponctuelle peut s’avérer nécessaire, notamment pour les tâches ménagères ou la préparation des repas. L’état général reste stable et les difficultés sont très limitées.
- GIR 4 : la personne se déplace seule chez elle, mais a besoin d’un accompagnement régulier pour la toilette, l’habillage ou certains transferts. L’aide devient un soutien quotidien.
- GIR 3 : le besoin d’aide augmente. La toilette, les déplacements, l’habillage requièrent une intervention quasi quotidienne. Les transferts (du lit au fauteuil, aller aux toilettes) deviennent difficiles à gérer sans aide.
- GIR 2 : la dépendance est marquée. Une assistance fréquente s’impose pour la plupart des gestes essentiels. Qu’il s’agisse de difficultés motrices ou cognitives, la surveillance devient continue.
- GIR 1 : la perte d’autonomie atteint son sommet. La personne, souvent alitée ou en fauteuil, ne peut plus accomplir seule les gestes de base et a besoin d’une aide permanente, de jour comme de nuit.
Ce barème, au cœur de l’évaluation médico-sociale, structure toute la réponse publique face à l’évolution de la dépendance.
Quelles aides financières selon le niveau de GIR ? Nos conseils pour bien s’y retrouver
Les dispositifs publics d’accompagnement s’organisent autour du niveau de GIR, qui détermine l’accès à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Cette aide financière, gérée par les conseils départementaux, s’adresse aux personnes âgées classées en GIR 1 à 4 sur la grille AGGIR. Pour les personnes en GIR 5 ou 6, jugées suffisamment autonomes, l’APA n’est pas accessible.
Pour solliciter l’APA, il faut s’adresser au conseil départemental du lieu de résidence. Une équipe médico-sociale se déplace alors pour évaluer la situation, attribuer le niveau de GIR, puis proposer un plan d’aide personnalisé. Ce plan peut comprendre différents types de soutiens : assistance à domicile, financement d’auxiliaires de vie, adaptation du logement, ou encore appui pour un accueil en EHPAD. Les montants varient selon le niveau de dépendance et les ressources du demandeur.
Voici comment se répartissent les droits selon les niveaux :
- GIR 1 et 2 : l’APA est attribuée au montant maximal, avec une prise en charge renforcée et la possibilité d’une présence quasi permanente d’un intervenant.
- GIR 3 et 4 : l’APA reste accessible, avec des montants adaptés à l’aide requise et des interventions ciblées sur certains moments de la journée.
Pour les GIR 5 et 6, aucune allocation spécifique n’est prévue. L’accompagnement repose alors souvent sur l’entourage ou sur des services d’aide ménagère classiques, non couverts par l’APA. Il reste possible de demander conseil au conseil départemental pour identifier d’autres dispositifs, mais l’accès aux droits, l’orientation vers l’EHPAD ou le maintien à domicile dépend directement du niveau de GIR attribué.
La réalité de l’autonomie ne se laisse pas enfermer dans une case. Chaque niveau GIR n’est pas qu’un chiffre : il trace la frontière entre l’indépendance et la nécessité de tendre la main. Un jour, chacun de nous pourrait franchir ce seuil, et c’est là que la grille AGGIR prend tout son sens.

